Entrepreneurs Forever 2014

Frédéric Faure


Ex-dirigeant et fondateur d'Atalante, Président de la holding familiale Estre

Il est devenu consultant-professeur-business-angel-aventurier après la cession de son entreprise.


Il ne pensait pas pouvoir réaliser la moitié de ce qu’il a fait : trouver un premier poste avec trois mois de liberté par an, créer et développer une entreprise dans son univers de prédilection, la céder dans de bonnes conditions, parcourir les continents tout en transmettant son expérience... C’est pourtant l’histoire de Frédéric Faure. « Il faut rêver d’impossible. Dans la vie, quand on peut ressentir le frisson du risque, de la difficulté ou de la rareté, c’est extraordinaire. Mais dans tous les domaines, sport ou entreprise, il faut se définir des limites et s’y tenir. »

Tout juste diplômé, Frédéric Faure négocie un contrat qui sort déjà des sentiers battus, comme directeur commercial et conseiller technique chez le fabricant de matériel de montagne Francital. En 6 ans, il triple le chiffre d’affaires et réalise chaque année sur son temps libre une grande expédition, sujet de conférences et reportages, notamment pour la télévision. Attaché à son indépendance, il décline le nouveau poste qu’on lui propose, parce qu’il est à plein temps.

On transmet bien si l’on sait déléguer, c’est-à-dire transmettre un savoir-faire, puis du pouvoir. S’il a bien délégué, l’entrepreneur n’est plus indispensable, la transmission de l’entreprise devient possible, voire souhaitable. J’avais réfléchi à une transmission à mes enfants, j’ai préféré pouvoir les accompagner dans leurs propres projets.

Attiré par la création d’entreprise, il rêve d’ouvrir une voie dans le voyage d’aventure. En guise d’assurance, il s’inscrit en 1986 au programme start-up de l’école, où il rencontre son futur associé Christophe Leservoisier. Ensemble, ils se cramponnent pendant trois ans sur une pente plus raide que prévu. « On a lancé Atalante sans trop réfléchir, on a longtemps été dans la survie, à se demander si cela valait la peine de s’obstiner. » Les deux fondateurs trouvent un relais dans les voyages sur-mesure et l’incentive, grâce au réseau des diplômés. « Je n‘oublierai jamais le premier exercice bénéficiaire, le jour où j’ai pu rembourser mes parents et leur offrir un déjeuner chez Bocuse. » Progressivement, le pionnier Atalante grimpe en tête et atteint € 10 millions de chiffre d’affaires, en proposant une nouvelle expérience du voyage, avec l’aventure à pied, de randonnées chamelières à des treks très sportifs.

L’entreprise poursuit son ascension par croissance interne et acquisitions, dans l’incentive encore, ou sur des niches, comme Continents insolites, une prise solide vers le haut de gamme. Elle conçoit la première charte éthique du voyageur, qui deviendra une norme Iso. « Je ne pourrais pas faire quelque chose qui dégrade la terre et les gens. »

En 2010, avec € 30 millions de chiffre d‘affaires, le groupe Atalante surplombe les voyages d’aventure responsables. Et Frédéric Faure étudie de nouveaux topos. « Nous avions mis en place une belle équipe, avec une culture forte et une vision très délégatrice du management. La transmission était envisageable. » Les deux associés cèdent Atalante à Géophile, le fonds personnel du fondateur de Décathlon, Michel Leclerc. Si Christophe Leservoisier reste dans la trace en reprenant Cheval d’aventure, Frédéric Faure décide de ne faire que ce qui l’intéresse !

Il se partage désormais entre les deux versants de sa vie. Sur l’un, les sentiers de l’entrepreneuriat, qu’il parcourt comme consultant, professeur, à l’incubateur EMLYON ou dans des masters spécialisés, et business-angel. « J’aime être surpris, que le projet soit utile à la société, avec un dirigeant au caractère humain fort. Il doit savoir créer de la valeur pour les autres, être généreux avec ses associés, ses clients, ses partenaires, son équipe. »

Sur l’autre, les voyages, en solo ou avec une cordée familiale ou amicale. « Je vais là où les gens ne vont pas, les grandes falaises, les déserts d’altitude, les torrents inaccessibles, les cultures oubliées.... ».
Bel exemple d’équilibre que nous donne cet alpiniste des affaires.


EM Lyon : Porgramme Grande Ecole 1978
Traduction anglaise : Carole Bausor, ILTC
Date de parution : 12/09/14