Entrepreneurs Forever 2014

Guy Lescoeur


Manager retraité et sénior hyperactif

Il apprécie sa retraite sportive après les montagnes russes de son parcours professionnel.


Le savoyard Guy Lescoeur rêvait d’une vie professionnelle “comme une aventure“. Et de fait, il a connu plusieurs fois l’exaltation des constructions, le bonheur des accomplissements, le doute des épreuves et au bout, la sérénité malgré tout. « Une carrière réussie est une notion relative. Comme disent les anglo- saxons : perdre, c’est aussi s’enrichir. J’ai connu beaucoup de succès et quelques échecs !... »

C’est bien l’envie de free-ride qui le convainc, à l’Ecole, de participer à la création du Petit Paumé (devenu une institution), puis tout juste diplômé, du ‘’Pariscope lyonnais‘’. Il lance “Lyon Poche“ en 1970, 1er guide local des sorties et évènements culturels, avec dans l’équipe Paul Dini, entrepreneur emblématique, propriétaire de plusieurs journaux d’annonces régionaux. « Nous avions les caractéristiques d’une start-up, avec un démarrage très rapide et de gros besoins capitalistiques. » Guy Lescoeur enchaîne les dénivelés, se retrouve directeur du développement de l’ensemble du groupe média Comareg de Paul Dini. « Je peux dire que nous avons mis au point le marketing de la petite annonce. » La belle trace s’achève pourtant en 1980 et Guy Lescoeur part huit mois à la conquête des grandes pentes du monde.

On peut transmettre une expérience ou une entreprise, mais aussi un état d’esprit : la sérénité face à la fébrilité, la solidarité professionnelle, la fédération des efforts, l’enthousiasme... Il n’y a pas de méthode, c’est un travail, une remise en cause et une implication de tous les instants. C’est ce que j’espère avoir réussi avec les gens que j’ai croisés et aimés.

A son retour, Jean-Charles Lignel, propriétaire du groupe Le Progrès (quotidien régional et journaux gratuits), l’appelle à la direction des ventes. Tout est à reconstruire après la dénonciation des accords de distribution avec son voisin et concurrent, le Dauphiné Libéré. Tout au long de la guerre de tranchées que se livrent les deux groupes, Guy Lescoeur, devenu directeur général, développe, structure, consolide... Un troisième larron, le groupe Hersant (Le Figaro), finit par racheter l’ensemble et propose à Guy Lescoeur la présidence du Dauphiné Libéré. Las de la guérilla avec les barons du groupe, il négocie son départ trois ans plus tard.

Il quitte la piste des médias en 1989. « J’ai décidé de faire tapis, d’investir mon chèque de départ et mon patrimoine dans le capital développement. » Avec une dette senior, il bâtit tout schuss un groupe d’une douzaine de PME. « Une période formidable de fédération d’équipes et de recherche de performances. » Mais fin 1993, une des filiales dans le textile voit sa trésorerie déraper. « Une erreur funeste, le textile. Les banques ont poussé au démantèlement. Cela s’est fait dans de mauvaises conditions de cession pour des entreprises in bonis. »

Au même moment, il se préoccupe comme président d’améliorer l’adhérence de l’Association des Diplômés d’EMLYON. En 1996 s’ouvre pour lui une troisième vie professionnelle, de conversion au service de l’intérêt général.

Directeur Général de la CRCI Rhône-Alpes, il fédère les douze CCI du territoire autour de nombreux projets. « J’ai apprécié cette intermédiation entre l’Etat, les collectivités territoriales et les entreprises, installer l’esprit d’entreprendre dans un établissement public. » En 2011, il clôt l’aventure par une traversée plein ouest, pour aider le président de la CRCI de Bretagne à passer les portes de la réforme des Chambres de Commerce.
Quand il regarde son carnet de courses, Guy Lescoeur se veut lucide. « J’ai été meilleur pour servir les intérêts des autres que les miens. Je regrette parfois de ne pas m’être pris plus au sérieux ! »

Aujourd’hui retraité, il se prendrait presque au sérieux sur Twitter... avec ses 45 followers ! Et godille désormais des greens ensoleillés aux pistes de Val d’Isère. « Je fais des rêves accessibles, de handicap au golf, de bonheur à ski ou d’émotions jazzy... »


EM Lyon : Programme Grande Ecole 1970
Traduction anglaise : Carole Bausor, ILTC
Date de parution : 12/09/14