Entrepreneurs Forever 2014

Jacques Bungert et Frédéric Torloting


Co-présidents de Courrèges

Leur amitié les a conduits à racheter ensemble une marque de mode emblématique.


« Nous dirigeons une start-up avec une marque mondiale fabuleuse. » C’est ainsi que Jacques Bungert et Frédéric Torloting présentent leur nouvelle aventure à la tête de la maison Courrèges, après 20 ans de succès entrepreneuriaux dans la communication.

C’est d’abord l’histoire d’une incroyable amitié. « Notre relation est inestimable ; nous nous faisons la courte échelle en permanence. »

Tous deux de Metz, ils intègrent EMLYON et partagent leurs trajets. D’aléas mécaniques en parties de tennis, de la Junior Entreprise aux pistes de poudreuse, ils se promettent de créer un jour une entreprise ensemble.

En 1990, Jacques Bungert est Export Manager à New-York pour lancer Evian, Frédéric Torloting dans la production de films d’entreprises à Paris. Le tandem lance Prodéo et rapidement, l’agence se faufile comme l’un des principaux acteurs sur le hors media et l’évènementiel, avec de grands clients comme Danone.

En 1999, elle emploie 50 personnes et atteint les limites de son indépendance. Elle rejoint le Groupe Young & Rubicam et y étoffe l’ensemble des activités de services. « Nous avons continué comme avant, tous deux interchangeables, avec notre culture entrepreneuriale et le Gecomar – GErer COmme si c’était Mon ARgent – comme principe. » En 2005, une première, le britannique WPP leur offre la co-présidence du Groupe Young & Rubicam, alors en difficulté. « Durant six mois, nous avançons dos à dos pour remettre l’entreprise au carré. » L’assurance de conserver les emplois, quelques belles victoires d’équipe sur de gros budgets, aident à façonner la confiance. Le duo impose sa vision, alors très innovante, d’une approche 360°. En 2009, il signe un éditorial pour Mme Figaro, sur les marques intemporelles et la relation de confiance avec le consommateur.

La transmission n’est pas un process, c’est une rencontre qui se vit par frottements successifs pour créer l’avenir. Coqueline Courrèges a choisi de nous transmettre l’intransmissible : leurs raisonnements, leur imagination, leurs rêves.
Nous ne vivons pas pour autant dans la nostalgie ou l’imitation, nous sommes finalement encore une start-up, riche de l’histoire d’une marque et d’un style unique, avec un potentiel créatif exceptionnel.

Hasard de la vie, il n’en faut pas plus à Coqueline Courrèges, la ‘’complémentarité créative’’ et l’épouse du couturier André Courrèges (91 ans cette année), à la tête de l’entreprise depuis 1994, pour proposer une rencontre. Jacques Bungert passe trois heures ‘’exceptionnelles’’, à écouter cette femme hors du commun raconter l’esprit Courrèges, l’histoire de l’entreprise et son projet de cession. Les candidats ne manquent pas. « Pour l’honneur de notre travail, plutôt fermer que de vendre à n’importe qui », annonce-t-elle.

Suivent d’autres échanges qui tissent une amitié sincère, au point qu’un jour, Coqueline et André Courrèges décident que la transmission se fera avec eux – miracle des rencontres –. Touchés et conscients qu’il s’agit du projet de leur vie, les deux publicitaires trouvent leurs financements... en Lorraine. Les voici fin 2010 propriétaires – toujours 50/50 – de l’entreprise Courrèges, 60 personnes, un outil industriel à Pau et une marque taillée pour le futur, avec sa culture pop, son vinyle, ses robes trapèzes, ses mini-jupes et ses... voitures électriques ! Le temps d’ajuster la transition chez Y&R, les repreneurs déroulent fin 2011, ‘’en se hâtant lentement’’, le catwalk de la relance : parfums, création d’un site marchand, rénovation de l’outil de production, reconstruction du réseau de distribution, reprise en mains des licences, communication, valorisation du patrimoine de modèles, pour remettre la marque et ses jolies robes dans la vie... à l’image de la collection capsule créée pour la Redoute en 2013.

« Nous travaillons pour que Courrèges revienne parmi les grandes marques françaises dans le monde. C’est cela notre rêve... et notre devoir moral vis-à-vis de la confiance que nous ont accordée André et Coqueline ! » Un défi à la mesure de l’amitié.


EM Lyon : Programme Grande Ecole 1988
Traduction anglaise : Carole Bausor, ILTC
Date de parution : 12/09/14