Elle court, elle court, Alice Zagury, pour transformer son utopie - permettre à toute une génération de s’émanciper par l’entrepreneuriat – en business, et si possible en business viable, reconnu et durable.
Ses études à EMLYON la laisse désorientée. « J’avais soif de liberté et d’originalité. » Elle s’engage dans le bureau des arts de l’Ecole, passe six mois à Miami dans une start up et encore six mois dans une université indienne. « Finalement, ce qui nous unissait tous était la culture de l’Internet. »
De retour en France, elle écarte les voies traditionnelles… Trop entière, trop cash ? « Je ne suis pas faite pour les badges, les contraintes, les codes qui empêchent d’être soi-même… »
Elle choisit de travailler pour un collectif de jeunes artistes. « J’ai vu comment le numérique peut porter un élan créateur, dans un monde en crise où il est difficile de trouver un travail. »
Ses démarches l’amènent au Silicon Sentier (devenu ‘’Numa’’), association fédérant l’écosystème numérique d’Ile de France. Chargée de créer un espace d’incubation pour artistes et ingénieurs, elle met un peu de temps à comprendre le milieu, le vocabulaire, la communauté des start-up, mais se passionne très vite pour les nouveaux modèles issus de la révolution digitale. « Je suis tombée amoureuse de cette culture entrepreneuriale qui crée de la valeur sur l’entraide et le partage. Et de l’état d’esprit des hackers et makers, qui diffusent par l’open source des solutions améliorant la vie de milliers de personnes. »
Le numérique va impacter tous les niveaux de la société en redonnant du pouvoir aux acteurs économiques. On n’a jamais vu autant de jeunes faire le tour du monde, autant de start up, autant d’expériences de partage, depuis qu’il y a Facebook. L’idée de liberté est au cœur de ce mouvement.
En 2009 se monte dans les locaux du Palais Brongniart à Paris, un nouvel incubateur, le Camping. En amont du projet, Alice Zagury part en expédition en Europe, à la rencontre de structures d’accompagnement de toutes sortes, et raconte tout sur un blog. Elle revient convertie à ces pratiques qui favorisent l’innovation permanente.
Elle anime le Camping pendant deux ans, finit par voir des limites à ces structures soutenues par les collectivités. « Il y a quelque chose d’asphyxiant dans ce système, où l’Etat est trop présent et les mentors trop souvent étrangers à la culture de la Silicon Valley. »
Alice Zagury quitte le Camping en 2012 et imagine un dispositif privé « radical », avec Oussama Ammar, programmeur entrepreneur multirécidiviste, et Nicolas Colin, énarque inspecteur des finances créateur de start-up.
Ensemble, ils conçoivent les fondements de TheFamily : accompagner l’innovation en France par l’éducation à grande échelle, démocratiser le savoir entrepreneurial pour ceux qui n’iront jamais en école de commerce, accélérer les projets à potentiel… « Notre objectif était d’accompagner au moins 100 entreprises pour avoir des réussites et peser sur les écosystèmes. »
En deux ans, TheFamily a accompagné 270 projets et créé la formation à l'entrepreneuriat ‘’Koudetat’, suivie par plus de 1000 personnes ; accueilli plus de 500 entrepreneurs dans ses programmes d’accélération ; réalisé une trentaine de séminaires ‘’Barbares Attaquent’’ dédiés aux comités exécutifs ; organisé trois évènements d'envergure internationale sur la disruption numérique et convaincu 60 investisseurs privés et 3 fonds internationaux. Elle reçoit 100 candidatures par semaine et cible maintenant la ‘’Dark Matter ‘’, ces gens à qui faire découvrir qu’ils peuvent être entrepreneurs.
Alice Zagury anime l’équipe TheFamily de façon empirique.et passionnée. « Le management est clé, pour capter le bon rythme, maintenir l’énergie, faire vivre la vision et les valeurs au quotidien. Nous avons même un ‘’Chief Happiness Officer’’, qui prend soin de tous. » Et sinon, elle court ; et quand elle ne court pas, enfin, elle dort !
EM Lyon : Programme Grande Ecole 2009 / MSc in Management Traduction anglaise : Carole Bausor, ILTC Date de parution : 01/06/15