Emmanuelle Vidal-Delagneau a choisi Adeona, la déesse romaine protectrice des enfants qui vont de bras en bras - comme les œuvres d’art -, pour abriter ses activités de conseil en gestion de collections. « J’ai la chance d’exercer le métier dont je rêvais, dans un bel environnement international. »
Depuis le jour où elle assista à sa première vente aux enchères, elle est l’architecte de sa vocation, édifiant une expertise et un réseau qui lui permettent de siéger aujourd’hui parmi les six personnalités qualifiées nommées par le Ministre de la Culture au sein de la prestigieuse Commission Consultative des Trésors Nationaux.
Une vocation pourtant contrariée en Terminale, quand ses parents l’encouragent à emprunter la filière commerciale. Elle rentre alors dans la danse : un pas en avant vers le monde des affaires avec EMLYON, un pas de côté vers ses cours d’histoire de l’art à l’Université.
La transmission est partout dans mon métier : dans la filiation entre artistes qui fait évoluer l’art, dans ce que les artistes racontent de leur époque aux générations futures, dans une gestion patrimoniale, avisée mais aussi affective, des collections...
Elle tente quelques figures imposées, notamment au marketing chez Procter & Gamble. Sa mission de 3ème année au Musée des Beaux-arts de Lyon, remet ses envies profondes en perspective. Elle choisit Londres comme point de fuite, où une bourse de la Fondation du Rotary International lui permet d’obtenir le diplôme de la Royal Society of Arts. « Une des plus belles années de ma vie, à acquérir les bases de l’histoire des beaux-arts et des arts décoratifs et faire des rencontres déterminantes. »
A son retour à Paris en 1992, Emmanuelle Vidal-Delagneau retrouve en plein après-guerre du Golfe une conjoncture culturelle en clair- obscur. Elle maroufle bien quelques missions, mais qui ne suffisent pas à ébaucher la carrière qu’elle espère. Un accident la fixe sur un lit d’hôpital : elle décide de préparer le concours de commissaire-priseur, un long travail d’enlumineur.
Elle apprend l’art et la manière, de l’évaluation des œuvres à l’organisation des ventes de prestige, et obtient aisément son diplôme. Anticipant l’ouverture du marché français, la maison Christie’s, leader mondial des ventes aux enchères (2000 personnes, 50 bureaux dans le monde), l’invite à postuler à la prochaine promotion du très sélectif programme interne qui profile les hauts potentiels. Quelques mois à s’exercer à la gestion des monuments historiques et Emmanuelle Vidal-Delagneau retrouve Londres, où Christie’s la nomme rapidement Directeur des Ventes Spéciales. Elle coordonne au plan international les ventes aux enchères de familles de collectionneurs parmi les plus illustres. Quatre ans plus tard, Christie’s lui confie la Direction du Développement à Paris. « L’objectif était de devenir la 1ère maison de ventes en France et cela a été le cas pendant les 10 ans où j’ai été en poste, avec des moments inoubliables. » En 2009, elle figure parmi les commissaires-priseurs qui dirigent la vente historique de la collection Yves Saint Laurent-Pierre Bergé, au Grand Palais.
Elle achève alors la toile de sa formation par le Leadership Programme de l’Insead. En 2011, le décès de ses parents, la naissance de son fils, le départ de son patron pour Hong-Kong dessinent une nouvelle période... « J’ai eu envie d’accompagner sur le long terme, dans la transparence et l’indépendance, les collectionneurs ou les personnes amenées à gérer des collections. »
Elle croque pour Adeona les proportions idéales : gestion privée de collections (constitution, inventaire, valorisation, successions...), ventes de gré à gré, accompagnement dans les ventes aux enchères, conseil aux entreprises artistiques et culturelles. Un métier de conseil et d’ingénierie qui n’existait pas en tant que tel : son œuvre à elle.
EM Lyon : Grande Ecole 1991 Traduction anglaise : Carole Bausor, ILTC Date de parution : 12/09/14