Entrepreneurs Forever 2014

Florence Rollet


Vice-présidente Europe pour le groupe Tiffany

Elle aime le parfum de l’aventure et les projets aux multiples facettes.


« Je souhaite me lever chaque matin heureuse d’aller créer de la valeur pour l’entreprise ; il faut un beau projet, une atmosphère, des partenariats intelligents entre les parties prenantes, une autonomie suffisante pour que chacun puisse contribuer à l’aventure. » Cette petite voix intérieure a orienté les choix professionnels de Florence Rollet, des bières aux colas, de l’hygiène aux parfums, du luxe à l’ultra-luxe.

Les premières pages de l’odyssée s’écrivent chez Kronenbourg, alors filiale de Danone. Un stage de chef de secteur lui apprend la grande distribution et l’envoie vers les fonctions commerciales, marketing et merchandising. « Je voulais me confronter au terrain, un vrai défi dans cet environnement masculin. »
Elle s’expatrie en Grèce à 24 ans, pour convertir les clients distributeurs et la force de vente aux méthodes du groupe, qui vient d’y acquérir une brasserie. « Cette mission m’a fait mûrir. Mes cours de latin et grec ancien m’ont bien aidée ! »

La transmission est au cœur de l’esprit d’équipe.
Nous apprenons des uns des autres. Nous partageons ensemble nos expériences, en les enrichissant mutuellement, par des visions différentes, d’origines, de cultures, de générations.
> C’est un cercle vertueux qui nous relie et nous fait grandir.

Elle revient en France comme chef de produits Carlsberg, puis expérimente le marketing direct en circuit CHR (Cafés-Hôtels-Restaurants), où Byggvir affronte Dionysos !
En 1994, elle est chef des ventes régional, quand Pepsi-Cola structure sa force commerciale après la résiliation de l’accord de distribution avec Orangina. Florence Rollet construit la Région France Sud mais quitte finalement les boissons pour les produits d’entretien.

Car le groupe britannique Reckitt Benckiser crée le poste de Category Management et développement des ventes, pour décliner en France ses outils d’optimisation des linéaires. « C’était une révolution culturelle pour les clients. On ne connaissait pas encore le planogramme ; on passait du solex à la haute technologie, pour donner du sens à la multitude de marques. »

Elle franchit un pas supplémentaire vers l’Olympe en 1999, en ralliant la filiale française grand public du groupe Coty. La mauvaise image auprès des clients, le faible chiffre d’affaires, les résultats médiocres ne la démontent pas. « J’ai vu les moyens d’une grande entreprise, le leadership sur les fragrances, le potentiel de marques comme Adidas. »

Elle multiplie les ventes par cinq et le résultat par dix en cinq ans. « Ce fut un succès d’équipe extraordinaire, avec notamment le lancement inouï de la marque Céline Dion. » Le groupe Coty lui confie le rétablissement de sa filiale Lancaster France, leader sur le solaire dans le circuit sélectif – l’affaire d’une année –, puis la fusion avec une ex-division d’Unilever comprenant les marques Chloé, Cerrutti et Calvin Klein, pour créer Coty Prestige. « La fusion a eu des répercussions sociales. J’ai compris que nous avions réussi lorsqu’Euphoria, de Calvin Klein, est rentré dans le Top 10 France des fragrances. »
Cette expérience donne à Florence Rollet l’envie de se frotter aux Titans du luxe.

Les parfums Christian Dior taillent un poste à sa mesure : développement de l’Europe hors Top 6, stratégie Retail européenne, coordination des clients internationaux.
Mais comment résister quand le joaillier Tiffany – la boite bleue mythique, ses 177 ans d’histoire – lui propose en 2013 de devenir la muse qui doublera ses activités européennes ?

Désormais basée à Londres, Florence Rollet cisèle une organisation agile pour diffuser la stratégie, enchâsse l’obsession du client dans toutes ses décisions et polit avec sa nouvelle équipe le joyau qui parera bientôt les Champs Elysées.

En parallèle, elle a finalement appris le grec moderne, qu’elle pratique dans son port d’attache de Marathon, et siège au conseil d’Administration de Rémy Cointreau. Une fille d’Athéna ?


EM Lyon : Grande Ecole 1987
Traduction anglaise : Carole Bausor, ILTC
Date de parution : 12/09/14