Pour construire l’un des premiers acteurs en France du commerce des produits vétérinaires tout en préservant son indépendance, Jacques Mignot a actionné tous les leviers de la stratégie et de la finance. Spin-off, build-up, LBO et OBO : ces outils n’ont plus de secret pour lui et donnent à Neftys Pharma les moyens de son prochain développement européen.
Avec son cursus économique complété du MBA d’EMLYON, il se voit bien accéder un jour à une direction générale.
Lors d’un premier galop chez Renault Trucks, il apprivoise les techniques de vente comme chef de région. Mais il a des fourmis dans les jambes et l’entreprise en pleine restructuration offre peu de perspectives d’évolution à court terme. « Je n’avais pas envie d’attendre pour progresser. »
Il rejoint l’écurie du cabinet Mercuri International, comme consultant en marketing-vente. « C’était très enrichissant de travailler sur des business cases aussi variés, mais j’avais besoin de concret. »
En 1981, le répartiteur pharmaceutique OCP lui propose la direction d’un établissement. L’expérience de la gestion d’un centre de profit fait mouche. « Cela me correspondait, c’était un excellent apprentissage. »
Il lance en 1987 la filiale vétérinaire Véto Santé puis avec le succès, prend sous son aile les 800 collaborateurs de l’ensemble des activités hors répartition.
J’ai encore en mémoire ce moment très agréable sur le plan intellectuel et personnel, où j’ai bouclé l’opération de capital qui a porté ma participation à 52 % ! J’ai senti souffler le vent frais et léger de la liberté !
Il effectue une première mue en 1990 ; une formation au management général consolide ses connaissances en finances, qu’il saura activer quelques années plus tard.
Le rachat de l’OCP par un groupe allemand en 1994, l’approche très financière de ce nouvel actionnaire, le recentrage progressif de l’entreprise l’encouragent à prendre son envol. « J’aurais pu continuer une carrière dans un grand groupe avec des tas d’avantages, mais j’avais en tête de créer un projet, de le développer et de le pérenniser. »
Vient en 1997 le temps de la métamorphose. Son patron essaie bien de le retenir mais Jacques Mignot oppose une détermination de tigre. « J’ai fini par lui dire : rends-moi service, ne me parle plus d’augmentation. »
Il court deux lièvres à la fois, se porte acquéreur de Véto Santé, ainsi que d’une entreprise concurrente. Pour ce faire, il conçoit avec quatre fonds d’investissement un montage ambitieux, où il est cependant minoritaire.
La première année est difficile, les résultats ne sont pas là, les relations se tendent avec les banquiers, il faut prendre le taureau par les cornes et donner des garanties personnelles. « Ce qui est totalement déraisonnable. ».
Une hirondelle finit par faire le printemps et Neftys Pharma réalise en 2002 un LBO secondaire, où Jacques Mignot devient majoritaire. « Un montage très performant mais très risqué. » Trois ans plus tard, il rachète les options de l’un de ses actionnaires sortant, pour détenir 90 % du capital.
Jusqu’en 2011, tel un castor, il structure, transforme, investit. « Mais il fallait atteindre la taille critique. » Il accepte pour financer des croissances externes une dilution à 54 %. « Je me suis pris au jeu des montages financiers complexes : le challenge économique, l’imagination, la négociation dure, l’adrénaline… »
Netfys Pharma rassemble aujourd’hui 120 personnes dans ses cinq filiales de distribution de médicaments et compléments alimentaires pour animaux d’élevage et de compagnie.
Si le groupe a fait son nid en France, ce n’est pas encore le cas en Europe.
Voici le temps des migrations : le fils aîné de Jacques Mignot, à l’international comme un poisson dans l’eau, a la mission d’identifier quelques futures acquisitions.
EM Lyon : MBA1976 Traduction anglaise : Carole Bausor, ILTC Crédit photo : studios Harcourt Date de parution : 01/06/15