Quelles modulations inattendues, quelles évolutions chez Clémentine Mermet des Granges, claveciniste échappée des ornements de la musique baroque pour les polyphonies de l’entreprise – mais pas n’importe quelle entreprise !...
Car dans les mouvements qui rythment son parcours revient une note puissante : sa passion première pour la musique. « J’ai longtemps hésité sur la place de la musique, simple hobby ou carrière. Finalement, j’exerce un métier au service de la musique. »
Elle suit des classes aménagées qui forment son oreille absolue et, phénomène fréquent chez les musiciens, la bosse des maths. Elle passe un Bac scientifique et débute des études de maths-physique. Mais la musique revient comme un refrain entêtant et Clémentine Mermet des Granges bifurque en musicologie. Une amie lui parle du MBA d’EMLYON, alors qu’elle enseigne dans des conservatoires : « Cette formation pourrait changer ta vie ». Avec un architecte et un psychologue, elle forme le trio des profils ‘’divers’’ de la promotion. « Cette diversité a créé quelque chose de très fort, mais quel choc ! »
La liberté est d’abord un état, qui porte avec confiance vers l’action. Etre libre, c’est prendre un risque, celui d’être plus heureux, parce que nous aurons réussi, ou parce que nous aurons appris de l’échec.
Elle joue son premier opus à la Fnac, comme responsable adjointe d’un département disques. « L’enseigne avait besoin de professionnaliser ses équipes sur les courants musicaux. » Un mentor l’encourage à ne pas se cantonner à la musique classique, encore moins au baroque. « A l’époque, pour moi, Mozart, c’était du rock ’n’ roll ! » Elle déchiffre la gestion des produits culturels avec un plaisir immédiat.
Le responsable régional de son fournisseur Warner lui signale que la maison de production recherche un responsable Administration des ventes. Tableaux de bord commerciaux, suivi des contrats avec les clients et pilotage de la chaîne logistique, elle fait ses gammes. En 1994, elle se met au tempo de la distribution, comme responsable des Grands Comptes. « Une nouvelle voie, mais j’avais besoin de complexité et de découverte. »
Le temps d’un intermède, elle orchestre pour une PMI familiale le lancement de nouveaux produits de loisirs créatifs. Elle rejoint EMI Music en 1999 comme key account manager, puis retrouve Warner en 2001 pour créer la direction des opérations et supply-chain. Elle compose pour les artistes au catalogue (Johnny Halliday, Alain Souchon, Christophe Maé, David Guetta…), les différentes étapes de la vie des supports musicaux, de la fabrication au recyclage. « Chaque journée est différente dans cette fonction transverse, en lien avec les labels, le commercial, le juridique… »
Membre du comité de direction, elle interprète toutes les variations d’un même thème, celui de la transformation, dans un environnement fortement altéré par la révolution digitale. « Perdre 60 % des ventes en 10 ans sur le support physique était un défi énorme sur le plan humain et financier. » Pour se mettre au diapason des enjeux, elle suit deux formations et s’engage au sein de son association professionnelle. Lors du plan social de 2005, puis de la fusion avec EMI en 2014, elle trouve la bonne tonalité pour mobiliser son équipe et les prestataires extérieurs. « Nous avons vécu des expériences humaines très fortes, grâce à l’honnêteté, l’écoute, la reconnaissance, la bonne humeur. »
Clémentine Mermet des Granges ouvre aujourd’hui la partition de l’international. « Cette étape me fait rêver, je n’en ai plus peur. » Elle rêve également de carrières féminines en mode majeur, comme présidente du Club EMLYON au féminin de Paris.
Si elle a changé d’instrument pour le clavier du management, elle cherche toujours l’harmonie, dans les multiples créations musicales que son métier lui permet de découvrir, comme dans les rencontres humaines.
EM Lyon : MBA 1989 Traduction anglaise : Carole Bausor, ILTC Date de parution : 01/06/15