Il reste dans le regard de Philippe Marcel quelque chose de l’enfance, un éclair de malice, le sens du jeu. Peut-être n’a-t-il jamais autant joué que depuis qu’il est business angel… « La liberté de faire et d’entreprendre, c’est vital pour moi. Je l’ai exercée comme intrapreneur, je l‘exerce encore comme investisseur. »
A sa sortie d’EMLYON en 1976, Philippe Marcel, savoyard d’adoption, essaie déjà de joindre l’utile à l’agréable : il effectue son service militaire comme moniteur de ski auprès des pilotes de l’armée de l’air en stage de ré-oxygénation à Val d’Isère…
A défaut de poste disponible chez les skis Rossignol - son rêve -, il débute comme responsable du service importation d’une société de surgelés, où il apprend les rouages du négoce. « Cuisses de grenouilles indonésiennes, langoustes cubaines, c’était plus que concret ! »
En 1980, il prend de la vitesse comme directeur de secteur, puis directeur régional chez Ecco, société de travail temporaire basée à Lyon, qui se distingue par des pratiques managériales révolutionnaires pour l’époque. « J’ai appris à faire, puis à faire faire : le développement commercial, l’animation d’un centre de profit… J’ai compris qu’un bon manager est importateur de stress et exportateur de sérénité. »
La confiance se donne, la liberté se prend, les deux se méritent. Le minimum, c’est la liberté d’agir et de s’organiser. Ensuite, c’est de pouvoir décider vite, sans attendre trop d’avis.
La liberté avec du bon sens et l’esprit de conquête, c’est le début de l’aventure !
Il faut une opportunité sérieuse pour l’éloigner de ses montagnes : basé à Paris, en charge de l’Ile de France et des clients nationaux, il triple le nombre d’agences et décuple la part de marché. « C’était l’hyper croissance. Le président du groupe concurrent m’a dit plus tard : vous auriez dû rester à Lyon ! »
L’international le tente. Il prend en 1990 la direction générale de la holding Interecco, qui regroupe tous les pays européens (cinq) à l’exception de la France. Il constitue son équipe et ouvre plus de 300 agences dans 14 pays. « Je travaillais en anglais, allemand et espagnol, passais 100 nuits par an à l’hôtel, visitais deux pays par semaine ; c’était intensément stimulant. »
En 1996, Ecco fusionne avec le suisse Adia, donnant naissance au N°1 mondial Adecco. Philippe Marcel devient Directeur général de la filiale française - 35 % du chiffre d’affaires et 45 % des profits du groupe - et intègre le comité exécutif. « Le fondateur d’Ecco avait le culte du client, je découvre la logique anglo-saxonne et la financiarisation des activités. »
Il surfe en 2001 de l’opérationnel vers des fonctions Groupe, administrateur d’Adecco Monde et président non exécutif France. Il consacre à EMLYON le temps qu’il ne passe plus dans les avions, préside l’association de diplômés durant quatre ans, puis le conseil d’administration de l’Ecole jusqu’en 2011.
Il sort de la trace Adecco en 2008 pour le hors piste de l’entrepreneuriat, associé à sa femme Béatrice, elle aussi diplômée EMLYON. « Je suis passé d’intrapreneur, avec d’importants moyens financiers, à entrepreneur, avec la liberté financière retirée de mes stocks options. »
Sa philosophie d’investissement ? - Comprendre le projet et aimer les gens ! « Je recherche des aventures entrepreneuriales intéressantes, permettant de construire quelque chose de beau - original, innovant, astucieux – et de grand. Je mets mon stock d’expériences à disposition du porteur pour l’emmener plus loin qu’il ne l’imaginait. »
Sur ses premières opérations, il a gagné, un peu, beaucoup ; il a perdu aussi. « Les très bons coups sont moins nombreux que les mauvais…mais au final le bilan est positif ! », conclue-t-il, dans un clin d’œil tranquille qui laisserait penser que tout fut facile.
EM Lyon : Programme Grande Ecole 1976 / MSc in Management Traduction anglaise : Carole Bausor, ILTC Date de parution : 01/06/15