La philanthropie a ses pionniers en France et Marie-Stéphane Maradeix est de ceux-là, qui depuis 25 ans expérimente toutes les facettes d’un secteur qui n’existait pas à sa sortie de l’Ecole.
Plongée dès l’enfance dans l’intérêt général – scoutisme et bénévolat à la Croix-Rouge -, elle est encouragée par son père à s’orienter vers le commerce, « pour faire ce qu’elle veut ». Ce qu’elle veut, c’est travailler dans l’humanitaire. « Au-delà de 5 à 6 ans dans ce domaine, vous êtes perdue », la met en garde l’un de ses professeurs. Plutôt que de se perdre, elle s’attachera à gagner en expérience, à structurer et rendre visible sa profession.
Pour son dernier stage, elle choisit l’ICOSI, ONG spécialiste des enjeux socio-économiques. Durant trois mois, elle coordonne un projet d’autonomisation de femmes en Guadeloupe.
L’ICOSI la parraine pour suivre aux Etats-Unis un programme international expérimental sur les études philanthropiques, dirigé par Lester Salamon, conseil en affaires sociales de Jimmy Carter et inventeur du ‘’tiers secteur’’. « J’ai eu une liberté totale durant cette année académique de haut niveau, où j’ai rencontré toutes les fondations américaines. »
A son retour en 1989, elle envoie son mémoire, ‘’ONG américaines en Afrique subsaharienne’’, à Antoine Vaccaro, le père du fundraising moderne, ex-directeur du développement de Médecins du Monde. Elle rejoint l’association comme responsable du programme de parrainage d’enfants, puis de la mission Education. Entretemps, son mémoire est publié. « J’avais 25 ans, j’étais reconnue avec mon livre, j’avais un poste dans une belle ONG. Un rêve ! ». Elle crée en parallèle avec trois camarades de promotion, Educadev, une ONG dédiée à l’éducation dans les pays du sud.
Mais en 1991, la guerre du Golfe fragilise Médecins du monde, qui se recentre sur sa mission médicale.
J’ai besoin de la liberté qu’apportent les voies originales, avec leurs risques et leurs embûches. A moi ensuite d’explorer, de structurer, de professionnaliser et de rendre visibles et partageables les pratiques émergentes.
Le Ministère des Affaires Sociales confie à Marie-Stéphane Maradeix l’assistance technique du programme européen NOW (New Opportunities for Women). « J’ai regretté que s’achève cette expérience : une belle cause, à dimension européenne, avec une grande autonomie… »
Troisième période de chômage en 1995. « Malgré les moments de doute, j’étais convaincue de ce que j’avais à faire. »
Son expérience des projets européens lui permet d’être recrutée par l’Union des établissements privés de l’enseignement agricole. Parmi eux, les Apprentis d’Auteuil l’invitent en 1998 à créer le service de Mécénat de leur Fondation.
L’Essec lui propose ensuite de co-piloter sa première campagne de levée de fonds. Durant cinq ans, elle applique avec succès la méthodologie américaine. L’Ecole Polytechnique la sollicite à son tour en 2007 : € 32 millions levés en moins de cinq ans, auprès des grands donateurs, particuliers et anciens élèves. « Cette expérience fut extraordinaire, avec cet esprit pur de la science, des chercheurs humbles, du monde militaire chaleureux et dévoué.... »
Son camarade de promotion Philippe-Loïc Jacob est associé en 2010 au démarrage de la Fondation Daniel et Nina Carasso, du nom du fondateur de Danone. L’année suivante, il suggère le nom de Marie-Stéphane Maradeix à la Délégation Générale. Après dix ans de collecte, la voici animant, avec une équipe de sept personnes, une importante fondation française distributive, engagée dans l’alimentation durable et l’art citoyen, également donatrice d’EMLYON. « J’aimerais que la Fondation devienne aussi un acteur de référence dans le domaine de l’évaluation de l’impact social de ses projets. »
Enchaînant les projets pilotes et cumulant les mandats dans les organes de représentation du secteur, elle s’emploie chaque jour à rapprocher générosité et performance.
EM Lyon : Programme Grande Ecole 1987 / Msc in Management Traduction anglaise : Carole Bausor, ILTC Date de parution : 01/06/15