Il a fallu quelques tours de chauffe à Patrick Bataillard, financier amateur de sports mécaniques, pour qu’il prenne le virage d’une entreprise à forte culture entrepreneuriale.
A la fin de ses études, il affiche à son compteur deux spécialisations, finances et création d’entreprise, ainsi qu’un joli palmarès de courses de moto. Il rejoint l’écurie EY. « L’audit chez EY, c’était comme un diplôme supplémentaire. » Deux ans de VIE au bureau d’Abidjan viennent patiner sa formation pratique d’une riche expérience humaine. « Loin du siège, on apprend à faire avec ce que l’on a, excellent exercice pour le jeune blanc-bec que j’étais ! »
De retour en France, Patrick Bataillard réalise ses premiers essais en entreprise, comme contrôleur de gestion chez CCMC, groupe informatique qui deviendra CCMX, racheté plus tard par Cegid. Il participe alors au plan de restructuration… « Dans ces situations difficiles, les jeunes peu expérimentés ont leur chance : l’envie de faire bouger les choses compte plus que la capacité technique ! »
Direction Paris en 1994 : au sein de la holding de CCMX puis de la banque actionnaire Altus Finances, il organise le reporting des filiales et participations. Mais la banque se retrouve aspirée dans les turbulences de la structure de défaisance du Crédit lyonnais. « J’ai gardé de ces années le goût du redressement et du travail d’équipe. Et la certitude que mon avenir était ailleurs que dans des organisations bureaucratiques ! ».
J’ai beaucoup d’estime pour ces hommes et femmes d’entreprises, salariés ou indépendants, qui, malgré tout ce qui peut entraver leur action, exercent collectivement leur liberté d’entreprendre, construisent, innovent, font avancer leurs équipes tout en rendant des comptes à leur hiérarchie ou leurs actionnaires.
AT&T France le recrute en 1996, au moment pour l’entreprise d’aborder une chicane délicate, résultat d’hésitations stratégiques. Au sein d’une équipe resserrée, Patrick Bataillard conduit les opérations de retournement avec confiance, jusqu’à ce qu’AT&T décide de jeter l’éponge. « C’est très dur à vivre et à expliquer aux gens, quand on s’éreinte à tout redresser et que quelqu’un débarque du Texas pour tout bazarder. »
Il apprend que Norbert Dentressangle, entreprise créée en 1979, souhaite étoffer sa direction financière. « Le métier du transport n’avait pas une belle image. Mais j’ai découvert un vrai projet, une entreprise génétiquement entrepreneuriale, avec des principes sains de délégation, responsabilisation, respect de la marque, loyauté réciproque… »
Il comprend que pour faire la différence, le métier exige une excellente gestion. Il met en place avec succès des centres de services partagés. « Un sujet en rupture pour le groupe. On m’a fait confiance alors que j’étais le seul à croire que cela pouvait marcher ! »
Directeur financier en 2001, il participe à des opérations majeures : l’OPA en 2007 sur un concurrent britannique, la gestion de la crise de 2009, une trentaine d’acquisitions, le rachat en 2014 d’un gros acteur américain… « Je suis fier que la ‘’famille’’ financière ait su évoluer, pour aider le groupe à passer de € 500 millions à 5 milliards de chiffre d’affaires. »
Pour que l’entreprise, devenue leader européen des solutions de supply-chain (transport, logistique, Air-Mer), puisse doubler de taille, il appuie sur la pédale des transformations, en veillant à l’implication de ses collaborateurs. « Mon instituteur me disait : si tous les gens allaient au travail en sifflotant, le monde irait mieux ! »
Patrick Bataillard ne quitte jamais vraiment les tableaux de bord et le bitume : sa passion pour la vitesse et le pilotage est intacte ; et si sa Ducati 998 reste trop souvent dans son garage, on peut le croiser en monoplace sur les circuits de Magny-Cours ou du Castellet.
EM Lyon : Programme Grande Ecole 1986 / Msc in Management Traduction anglaise : Carole Bausor, ILTC Date de parution : 01/06/15