En choisissant pour sa banque d’affaires le mot arabe exprimant la solidité des citadelles, Salma Benaddou affiche son optimisme et sa détermination à construire une entreprise différente et pérenne.
Elle grandit au Maroc et suit sa scolarité au lycée français de Casablanca. Après son bac, elle se retrouve en Maths Sup, seule à Paris. « Ca a duré deux jours, un cours de sciences de l’ingénieur sur la chaudière a eu raison de ma vocation initiale ! » Elle tente une journée en classe préparatoire… et l’expérience se prolonge jusqu’à EMLYON.
Elle débute sa carrière en Corporate Finance au sein de la prestigieuse banque d’affaires Lazard. « C’est important de bien choisir son premier job, un environnement qui forme et inspire, avant même la notoriété de la marque. Quand on a les deux, c’est idéal ! »
Quand on crée sa propre entreprise, la liberté est relative : on est à la fois son maître et son esclave ; on doit rendre des comptes à soi-même, à ses équipes et à ses clients. Mais la légèreté de la page blanche, le pouvoir de mettre en action sa propre vision, les espérances que l’on porte, c’est absolument magique !
Un an plus tard, pour se rapprocher de sa famille, elle retrouve CFG, une banque d’affaires marocaine qui l’a accueillie en stage durant ses études. En dix ans, la jeune analyste junior devient Partner. « J’ai vécu des moments intenses et de belles relations, dans ces opérations exigeantes où l’on travaille en vase clos quasiment 24H/24. »
En 2012 s’active en elle le gène de l’entrepreneuriat, qu’elle partage avec son frère, fondateur de la première chaîne de Drive au Maroc, et son père, créateur d’une société de textile à 50 ans. « J’ai décidé de tout quitter sans réellement savoir vers quoi me diriger. Je savais juste, mais fermement, que je souhaitais Entreprendre. Je prends souvent des décisions rapides, pour être en phase avec ce que je suis et entends devenir. »
Salma Benaddou a 33 ans et deux très jeunes enfants quand elle concrétise son projet de banque d’affaires. Elle loue très vite un plateau de bureaux, installe une ‘’staff-room’’ avec quatre stagiaires, prospecte avec vigueur, s’interdisant de solliciter ses anciens clients. « La conviction et l’inlassable travail de terrain finissent toujours par payer. »
Elle décroche en janvier 2012 ses premiers mandats, recrute un junior au printemps et un EMLYON durant l’été, élargit l’équipe à l’automne pour conduire sa première opération d’envergure. Mais viennent l’hiver et le décès de son père, qui laisse une usine en grandes difficultés. Elle organise la restructuration et met en place un nouveau management, en parallèle au démarrage de Burj. « J’étais très affectée, peu disponible, les résultats en ont souffert. J’ai pris conscience de la vulnérabilité de l’intuitu personae. »
Trois ans plus tard, Burj Finance a consolidé ses fondations. Deux nouveaux associés, apportent depuis Paris et Casablanca leur pierre à l’édifice, et l’entreprise, qui compte aujourd’hui huit personnes, est reconnue pour son expertise et son état d’esprit de start-up : elle surprend et séduit dans un métier souvent conventionnel. « Nous sommes sur des activités à hauts états émotionnels ! J’essaie que chacun puisse agir et grandir dans le plaisir, l’excellence, la solidarité et l’humilité. C’est comme cela que nous arrivons à concevoir et exécuter des solutions différentes, totalement adaptées. »
La suite, elle l’imagine robuste comme une forteresse. « Je prépare les prochains bonds pour rendre Burj autonome par rapport à moi tout en restant à taille humaine. »
Avec le même enthousiasme, elle anime le réseau des diplômés EMLYON au Maroc et profite avec ses enfants - le troisième sera né au moment où sortira ce livre - de la beauté sauvage des plages d’Essaouira, qu’elle rejoint le plus souvent possible.
EM Lyon : Programme Grande Ecole 2003 / Msc in Management Traduction anglaise : Carole Bausor, ILTC Date de parution : 01/06/15